Créer avec l’intelligence artificielle : les résidences 2024 du chantier IA à Sporobole
Par Yan St-Onge, agent de documentation du Chantier IA
Pour la première année du chantier IA de Sporobole, plusieurs artistes ont eu l’occasion de tester et d’expérimenter l’intelligence artificielle en contexte de création artistique. Voici un bref aperçu de ce qui a été effectué.
Travaillant sur l’hybridité entre les insectes et la technologie, Marie-Ève Levasseur a effectué de la création d’image en utilisant les procédés “texte-à-image” et “image-à-image”. Son projet a aussi été l’occasion d’intégrer des photos d’objets dans le processus, permettant de réorienter les résultats de la génération d’images.
Dayna McCleod a créé des avatars à partir de sa propre image. Ceux-ci ont nécessité l’usage de voix synthétiques, la création d’agents de discussions ainsi que l’usage d’une application de modification d’apparence (servant normalement à essayer des changements de maquillage ou de coiffure).
Pour tester les limites de l’IA, Simon Laroche a tenté de relancer la génération d’images (image-à-image) jusqu’à ce que les résultats stagnent et cessent d’évoluer. Il a aussi expérimenté la génération d’images représentant des mots et de l’écriture, dans le but de développer une police de caractère qui serait spécifiquement conçue par l’IA.
Sabrina Ratté et Roger Tellier-Craig ont travaillé en duo sur un projet d’installation. Sabrina a effectué de la génération d’images à partir d’indications textuelles (prompts) ainsi qu’à partir de photos d’archives personnelles, puis ses images ont ensuite servi à générer de la vidéo. Roger, de son côté, a travaillé la création de musique et de design sonore à partir d’indications textuelles.
Souhaitant représenter la communication dans le monde végétal, Félix Bernier a effectué la transposition d’enregistrements sonores en visualisations. Son projet implique de transformer les données sonores d’un lieu, en temps réel, en une suite de symboles inventés par l’IA. Le projet offre à la fois une représentation tridimensionnelle du lieu sous forme d’image pointilliste et une transposition du son en représentations graphiques sous formes de lignes.
Deux résidences sont toujours en cours cet automne, soit celle de Frédérick Maheux et d’Adam Basanta.
Frédérick Maheux travaille sur un projet de génération d’images à partir d’indications textuelles et à partir d’images. Les nombreuses images ainsi produites serviront à la production d’une œuvre installative et interactive. Son travail met en évidence l’esthétique de surenchère et d’étrangeté que produit souvent l’IA.
De son côté, Adam Basanta effectue sa résidence en partenariat avec le département de droit de l’Université de Sherbrooke. Il se consacre à développer un projet offrant une perspective critique de l’IA et de son développement commercial.
L’importance du rôle de l’artiste
Malgré la grande diversité des projets, l’intégration de l’IA a rarement remplacé le rôle de l’artiste dans la prise de décision et l’approche esthétique. Si la production a parfois gagné en rapidité, cela s’est souvent accompagné d’un défi de sélection, l’artiste devant occuper une posture de commissaire face à un volume immense d’images à trier. Les outils d’IA pour créer de la musique se sont avérés nettement moins avancés que ceux pour la création visuelle. Bien que la plupart des projets aient fait appel à l’IA générative, les artistes ont été confronté·es à des questions liées aux biais et aux tendances de ces outils. En fin de compte, ce n’est que le début d’une réflexion plus large sur le statut de l’œuvre et celui de l’artiste qui évoluent en ce moment avec le développement de l’intelligence artificielle.